La Norme ISO 7010, complexité et enjeux de son application

La Norme ISO 7010, complexité et enjeux de son application

Un entretien avec la présidente de la commission AFNOR/X08C

Dominique Moisnard-RoosenDeux ans après son entrée en application et un an après notre quiz sur la norme ISO 7010, nous avons présenté les résultats de notre étude à Mme Dominique Moisnard-Roosen, Présidente de la commission AFNOR/X08C.

Nous lui avons posé des questions sur l’application de cette norme en France pour tenter de trouver des explications à ces résultats montrant une faible connaissance de la norme.

Son analyse lucide de la situation montre une mise en retrait, à la limite du désintérêt, des pouvoirs publics et autorités concernés.

Malheureusement, les conséquences de cette passivité vont bien au-delà des considérations de santé/sécurité, cependant on peut en mesurer les effets directement dans la connaissance et la pratique de la norme. Cela empêche de bénéficier de retours d’expérience et d’une adaptation de la norme, la faisant ressentir comme punitive et non plus comme préventive ou corrective.

Un quiz sur l’arrivée de la norme ISO 7010 a généré une faible participation. Quelle raison pouvez-vous attribuer à ce constat ? Les français sont-ils trop confiants sur leur niveau de connaissance des normes en matière de signalisation ou ne sont-ils simplement pas intéressés ?

Nous remarquons clairement un manque d’intérêt des personnes et surtout des entreprises pour la signalisation. Les entreprises françaises utilisent la signalisation, par obligation ou par choix, mais ne souhaitent pas s’impliquer. Généralement, l’acheteur demandera à son fournisseur de lui envoyer la signalisation en vigueur mais sans demander davantage d’information.

Moins de 20% d’entre eux connaissent (ou reconnaissent) les nouveaux panneaux, ou encore ne connaissent pas la date d’entrée en vigueur de la norme: deux ans après, pensez-vous que la norme ISO 7010 a souffert d’un manque de communication ?

Il y a clairement eu une faible communication sur le sujet dans les médias. Les commissions ISO et AFNOR espéraient un changement de la directive européenne pour pousser cette norme mais pour des raisons encore obscures, la directive n’a pas été ajustée sur ce point. L’ISO et l’AFNOR n’ont pas le budget nécessaire pour communiquer massivement sur ces normes, c’est donc aux distributeurs, notamment comme Seton ou Brady, d’assurer ce rôle.

Une étude a mesuré les résultats positifs de l’application de cette norme en Allemagne. Quel en est l’impact pour les entreprises en France ?

L’impact de cette norme pour les entreprises en France n’a pas été mesuré et peut difficilement l’être.

D’après vous, qu’est ce qui pourrait être amélioré pour développer la connaissance et l’application de cette norme en France ?

Communiquer avec les responsables sécurité (QHSE), les organismes encadrant la sécurité et le bien-être au travail, les services incendie, etc est probablement le meilleur moyen d’accroître l’application de cette norme (de nouveaux établissements ouvrent encore leurs portes avec des anciens pictogrammes validés par les services d’inspection). Les groupes internationaux sont généralement moteurs dans ces projets car ils voient plus rapidement l’intérêt de cette norme (harmonisation à travers les sites et les pays, compréhension plus facile pour les travailleurs mobiles ou pour les travailleurs étrangers).
La commission (AFNOR/X08C ndlr) fait actuellement face à un réel souci de désengagement des acteurs, tant niveau public que privé. Les personnes doivent comprendre que les normes sont et doivent être créés/ écrites par les utilisateurs/personnes impliqués. Sans leur participation au niveau national, de plus en plus de normes viendront de l’étranger, avec ou sans l’approbation des acteurs français.
Le manque d’expertise et de moyens au niveau de la commission (AFNOR/X08C ndlr) nous oblige à nous retirer sur la participation active de certaines normes internationales. La France a donc perdu sa voix….jusqu’à ce que des personnes/entreprises soient prêtes à s’impliquer à nouveau.

L’équipe Seton